Lorsque vous effectuez une activité physique intense, vous savez qu’il est important de garder votre bouteille d’eau à portée de main et de faire des pauses régulières pour vous réhydrater. Une hydratation adéquate est tout aussi essentielle pour votre cheval.
La déshydratation peut survenir à tout moment de l’année, et pas seulement pendant les périodes de forte chaleur. Elle peut affecter les fonctions vitales de l’organisme, nuire aux performances et, dans les cas les plus graves, mettre la vie du cheval en danger. Dans cet article, on vous explique ce qu’est la déshydratation, comment reconnaître les signes chez votre cheval, quels gestes adopter en cas de déshydratation, et comment la prévenir efficacement.
L’importance de l’eau pour le cheval
L’eau est indispensable à la vie, c’est le nutriment le plus important pour un être vivant, y compris votre cheval. Comme nous, votre cheval peut survivre plusieurs semaines sans nourriture, mais il ne pourra vivre que quelques jours sans eau.
L’eau joue plusieurs rôles physiologiques essentiels :
- Elle participe à la thermorégulation (régulation de la température corporelle).
- Elle transporte les nutriments et l’oxygène vers les cellules de tout le corps.
- Elle protège les organes et les tissus du corps.
- Elle humidifie les tissus des yeux, du nez et de la bouche.
- Elle dissout les minéraux et les nutriments, les rendant assimilables.
- Elle lubrifie les articulations.
- Et elle facilite l’élimination des déchets, soulageant ainsi les reins et le foie.
La consommation d’eau du cheval
Chez le cheval, l’eau représente environ 60% de son poids corporel. Pour couvrir ses besoins quotidiens, votre cheval doit boire entre 20 et 75 L par jour selon plusieurs facteurs :
- sa taille,
- le climat,
- l’intensité du travail,
- et la composition de sa ration.
Pour assurer une consommation suffisante, votre cheval doit avoir accès en permanence à une eau propre, fraîche et appétente. Les chevaux sont particulièrement sensibles aux qualités organoleptiques de l’eau (goût, odeur, température). Un changement, même léger, peut influencer leur envie de boire.
Comprendre la déshydratation chez le cheval
Qu’est-ce que la déshydratation ?
La déshydratation se produit lorsque votre cheval perd plus d’électrolytes et d’eau qu’il n’en consomme, ce qui entraîne un déséquilibre hydrique dans son organisme. S’il ne remplace pas les liquides perdus, il sera déshydraté.
Les causes possibles
La déshydratation peut survenir dans de nombreuses situations, tout au long de l’année. Ceci peut se produire par :
- une faible consommation d’eau,
- une transpiration excessive,
- des problèmes de santé (fièvre ou diarrhée).
Les signes de déshydratation chez le cheval
Les premiers symptômes de déshydratation peuvent être subtils et passer inaperçus. Il est donc important d’observer votre cheval, en particulier pendant ou après un exercice intense. Les chevaux peuvent être plus sujets à la déshydratation lors des entrainements ou par temps chaud, mais la déshydratation peut survenir à tout moment de l’année et n’est pas toujours associée à l’exercice. Une détection précoce permet de réhydrater votre cheval rapidement et d’éviter des complications graves, comme le coup de chaleur, les coliques, le choc ou même l’insuffisance rénale.
Les symptômes visibles à surveiller
Voici les principaux signes qui peuvent indiquer une déshydratation chez votre cheval :
- Perte d’élasticité de la peau (test du pli de peau),
- Gencives sèches ou collantes,
- Yeux enfoncés dans les orbites,
- Diminution de la production de salive,
- Fréquence respiratoire et cardiaque augmentée,
- Urines foncées et peu abondantes,
- Fatigue inhabituelle, abattement ou manque d’appétit.
Un changement de comportement
Si votre cheval est normalement plein d’énergie et que vous constatez qu’il semble faible ou fatigué, cela pourrait être un signe de déshydratation. Une baisse de performance ou un manque d’intérêt pour son environnement peuvent aussi être un signe de déshydratation. Bien connaître votre cheval et connaître ses habitudes vous aidera à repérer une déshydratation.
Une perte d’appétit
Après avoir passé du temps à l’écurie, vous savez qu’un changement dans les habitudes alimentaires de votre cheval peut être un signal d’alerte. Un cheval qui ne mange plus indique souvent qu’un problème de santé est présent. Si cette perte d’appétit peut avoir de nombreuses causes, elle peut aussi être un signe de déshydratation.
La transpiration – trop ou pas assez
La transpiration est essentielle chez votre cheval pour son rôle dans la régulation de la température corporelle. Bien que la transpiration soit un processus naturel, une transpiration excessive ou, au contraire, une absence de transpiration peuvent être préoccupantes. Une transpiration excessive peut entraîner une déshydratation en raison d’une perte importante d’eau et d’électrolytes. Si votre cheval a toujours un bon appétit et boit normalement, une transpiration excessive n’est normalement pas trop inquiétante. Il faut s’assurer qu’il ait accès à une eau propre et fraîche. En revanche, si votre cheval ne transpire pas comme il le devrait, cela peut être un signe de déshydratation. Une transpiration insuffisante peut être problématique, la capacité de votre cheval à réguler sa température corporelle peut être affectée, ce qui peut entraîner un risque de surchauffe.
Modifications des signes vitaux (fréquence cardiaque, respiratoire et température) anormales
Même si les plages normales des fréquences cardiaque, respiratoire et de la température corporelle sont disponibles dans les livres ou en ligne (Greene et Mastellar, 2022), il est important de connaître les valeurs spécifiques de votre cheval et la vitesse à laquelle elles reviennent à la normale après le travail.
Le rythme cardiaque de votre cheval
Selon la source, le rythme cardiaque d’un cheval en bonne santé au repos varie entre 28 et 44 battements par minute, la moyenne se situant souvent entre 36 et 40 battements par minute. Si le rythme cardiaque de votre cheval est supérieur à 60 battements par minute, cela peut être un signe de stress thermique, de déshydratation ou d’autres problèmes de santé (douleur, maladie, etc.).
La température corporelle de votre cheval
La température corporelle normale d’un cheval en bonne santé se situe entre 37,5 et 38,5 °C. Bien que la température corporelle augmente pendant l’entraînement, elle devrait revenir assez rapidement à la normale au repos. Si elle reste élevée même après une phase de récupération, cela peut indiquer un stress thermique ou une déshydratation.
Le rythme respiratoire de votre cheval
La fréquence respiratoire normale est de 8 à 15 respirations par minute. Elle augmente en cas d’exercice, de douleur ou de maladie pulmonaire (ex. asthme équin). Si elle reste élevée même après une phase de récupération, cela peut indiquer un stress thermique ou une déshydratation.
Modifications de la miction et de la couleur de l’urine
Bien connaître les habitudes urinaires de votre cheval peut vous aider à identifier plus rapidement les signes de déshydratation. Un cheval déshydraté peut uriner moins souvent ou produire une urine plus foncée (brunâtre) avec une odeur plus forte que d’habitude.
Couleur des membranes muqueuses
Avant de parler de la couleur attendue, rappelons ce que sont les membranes muqueuses ? La définition scientifique des membranes muqueuses consiste en des revêtements intérieurs des cavités corporelles et de divers organes internes qui sont exposés à l’environnement extérieur. Et donc, on parle de quoi exactement ? Dans le cas du cheval, on parle de la bouche, notamment des gencives, des paupières et de l’intérieur des narines. Chez un cheval en bonne santé et bien hydraté, ces muqueuses doivent être roses et humides. Les gencives du cheval ne doivent pas être collantes ou poisseuses au toucher, cela peut être un signe d’irritation, peut-être due à une déshydratation.
La rhabdomyolyse, un signal d’alerte grave
Bien que certains chevaux soient sujets à la rhabdomyolyse en raison de problèmes métaboliques, tels que la rhabdomyolyse d’effort récurrente (plus d’info sur les problèmes musculaires ici).
D’autres chevaux peuvent souffrir de ce trouble musculaire après un exercice intense combiné à une déshydratation. Les signes caractéristiques de la rhabdomyolyse comprennent :
- Une transpiration abondante
- Une raideur musculaire
- Une réticence à bouger
- Une urine de couleur foncée
- Des contractions musculaires dans la région du flanc.
Comment vérifier si votre cheval est déshydraté ?
En plus des signes évoqués précédemment, certaines techniques simples aident à identifier si votre cheval est déshydraté. Bien qu’elles ne soient pas infaillibles, elles peuvent vous fournir de précieuses indications, mais pour un diagnostic plus fiable, contactez votre vétérinaire.
Test du pli de peau
Le test du pli de peau peut révéler une perte d’élasticité de la peau, un indicateur classique d’hydratation. Pincez légèrement la peau du cou de votre cheval, au-dessus de l’épaule, entre votre pouce et votre index. Dans des circonstances normales, la peau doit reprendre sa forme initiale immédiatement après avoir relâché la pression. Chez un cheval déshydraté, la peau forme un pli qui met quelques secondes à disparaître. Ceci traduit une perte d’élasticité due à un déficit en eau.
Temps de remplissage capillaire
Un autre test que vous pouvez effectuer pour déterminer si votre cheval est déshydraté consiste à examiner son temps de remplissage capillaire.
Cette technique consiste à vérifier la capacité du système circulatoire à ramener le sang dans les capillaires.
Soulevez la lèvre supérieure de votre cheval et appuyez votre pouce sur la gencive pendant une à deux secondes pour blanchir la surface. Une fois que vous avez retiré votre pouce, la couleur rose normale doit revenir en moins de 2 secondes. Si la couleur ne revient pas rapidement dans les gencives, cela peut indiquer une déshydratation ou être un signe que votre cheval est en état de choc. Dans ce cas, appelez immédiatement votre vétérinaire.
Évaluer le niveau de déshydratation du cheval
Une fois la déshydratation identifiée, il est important de déterminer le niveau de déshydratation. Cette étape est essentielle pour apporter une réponse adaptée et efficace à votre cheval.
Le tableau ci-dessous permet d’estimer le niveau de déshydratation associé aux résultats des tests du pli de peau et du temps de remplissage capillaire (KER, 2011). Ces informations restent indicatives et ne sont pas infaillibles. En cas de doute, contactez votre vétérinaire sans tarder.
Que faire si mon cheval est déshydraté ?
Après une observation attentive, vous avez identifié que votre cheval est déshydraté. Face à un cheval déshydraté, il est crucial d’agir rapidement pour éviter que la situation ne s’aggrave.
La déshydratation sévère nécessite une intervention vétérinaire immédiate. Elle est le plus souvent associée aux chevaux malades ou à ceux qui participent à des activités de haut niveau. Une déshydratation avancée peut nécessiter une prise en charge médicale, notamment une réhydratation par perfusion.
La plupart des chevaux ont probablement connu une légère déshydratation à un moment donné de leur vie. Voici quelques actions à mettre en place pour une déshydratation légère.
Encourager la prise d’eau
Si votre cheval présente des signes de déshydratation légère, vous devez avant tout l’encourager à consommer d’eau. Assurez-vous qu’il ait un accès libre et constant à une eau propre et fraîche. La plupart des chevaux boivent au moins 4 à 8 litres d’eau par 45 kg de poids corporel. Vous pouvez essayer de le stimuler en proposant à votre cheval un aliment trempé ou un mash très liquide, surtout s’il refuse de boire.
Utiliser des électrolytes
La déshydratation s’accompagne d’une perte d’électrolytes (sodium, potassium, chlorure, magnésium), essentiels au bon fonctionnement des cellules. Il est donc judicieux de rétablir cet équilibre par l’apport d’électrolytes oraux. Ces produits permettent au cheval de produire de la sueur et donc de l’aider à se réguler.
Les électrolytes en poudre ou en liquide peuvent être ajoutés à l’eau pour créer une solution isotonique. Si vous décidez de fournir des électrolytes dans l’eau de votre cheval, n’oubliez pas de lui fournir également de l’eau propre et fraîche sans électrolytes. Comme mentionné précédemment, les chevaux peuvent être très sensibles aux changements de saveur ou d’odeur de l’eau potable. Les électrolytes peuvent également être administrés dans les aliments concentrés ou dans un mash. Il y a également des électrolytes qui existent en forme de pâte dans des seringues.
Une dose unique importante d’électrolytes peut aggraver la déshydratation à court terme, car elle oblige le corps à absorber davantage d’eau dans les vaisseaux sanguins. Il est donc préférable de les administrer en petites quantités, mais plus souvent.
Astuces pour prévenir la déshydratation chez votre cheval
Comme toujours, mieux vaut prévenir que guérir. Heureusement, comme chez l’homme, il est facile de prévenir la déshydratation chez les chevaux. Plusieurs bonnes pratiques permettent de réduire considérablement le risque, quelle que soit la saison.
Fournir de l’eau fraîche et propre en permanence
Cela peut sembler évident, mais c’est la base. Votre cheval doit avoir en permanence de l’eau propre, fraîche et en quantité suffisante, aussi bien au pré qu’à l’écurie. La température idéale de l’eau se situe entre 10 et 20 °C.
Adapter les apports en électrolytes
Lors de fortes chaleurs, d’un travail intensif, d’un transport prolongé ou de toute situation où votre cheval transpire beaucoup, il est recommandé de compléter son alimentation avec des électrolytes.
Vous pouvez les apporter via :
- un complément spécifique (poudre, liquide ou pâte orale)
- un mash enrichi
- un bloc de sel en libre-service, idéalement enrichi en oligo-éléments. Cela permet à votre cheval de réguler lui-même ses apports en sel en fonction de ses besoins.
Fractionner l’effort et prévoir des pauses
Lors de l’entraînement ou du transport, prévoyez des pauses régulières pour permettre à votre cheval de se reposer, de boire et de récupérer. Ne sous-estimez pas la chaleur ou l’humidité ambiante : les risques de stress thermique sont accrus lorsqu’il fait chaud, même pour un cheval bien entraîné.
Conclusion
La déshydratation chez le cheval peut entraîner des conséquences graves, d’une baisse de forme passagère à des complications sévères comme les coliques, le coup de chaleur ou la rhabdomyolyse.
La détection précoce de la déshydratation chez les chevaux est un problème facile à résoudre : de l’eau fraîche, de l’ombre et un peu de repos peuvent suffire à remédier à la situation. Connaître les signes avant-coureurs, savoir comment les repérer et adopter les bons réflexes au quotidien est essentiel pour préserver la santé et les performances de votre cheval. Laissez votre cheval faire des pauses fréquentes lorsqu’il travaille dans des conditions chaudes et assurez-vous qu’il ait toujours de l’eau propre et fraîche à disposition à tout moment.
N’hésitez pas à faire appel à votre conseiller technique afin de calculer une ration équilibrée, en tenant compte du stade physiologique (sexe, âge, production) et de son niveau de travail.
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